La construction de l’Asile impérial du Vésinet, décidée en 1855 par Napoléon III, fut confiée à l’architecte Eugène Laval (1818-1869), assisté de deux ingénieurs civils, MM. Bouillon et Muller. L’Empereur, adepte de l’hygiénisme, voulait un édifice qui ne fût « ni une caserne ni un hospice ». Il se compose, avec un souci de symétrie appuyé, d’un vaste bâtiment central, reliant quatre ailes, deux dans le prolongement de la façade postérieure et deux en retour d’équerre, qui embrassent la cour d’honneur. Le pavillon de la chapelle constitue le centre de la composition. Le dôme carré à pans galbés était autrefois surmonté d’une couronne impériale en plomb doré. Pour la construction Laval métisse les matériaux à la mode : la pierre, le fer, le verre, la brique. Entre 1866 et 1869, deux ailes en retour sur la façade postérieure seront ajoutées par l’architecte Eugène Lacroix (1814 -1873).
Cet Asile fut consacré, le 28 août 1858, sous le patronage de l’Impératrice Eugénie, aux ouvrières convalescentes sortant des hôpitaux du département de la Seine, tandis que son jumeau, l’Asile de Vincennes, recevait les ouvriers. En juillet 1859, l’Empereur et l’Impératrice visitèrent le chantier. L’inauguration fut célébrée le 29 septembre suivant, en présence de l’évêque de Versailles et du ministre de l’Intérieur, le duc de Padoue. L’Asile, à l’origine, disposait de 450 lits et 50 berceaux. Il est devenu Asile National après la chute de l’Empire en 1870.
Boisé, le parc de 31 hectares s’étendait sur la commune de Croissy, à la limite de la forêt du Vésinet. Il fut inclus, dans le territoire du Vésinet en 1875 à la création de la nouvelle commune. L’Asile disposait de différents bâtiments utiles à la vie pratique et à l’intendance, dispersés dans le parc : écurie, ateliers, vergers, potagers, vacherie et pâturages. Un cimetière fut installé dans la partie nord-ouest du parc.
La vie quotidienne
L’accompagnement des convalescentes fut d’abord assuré par une quinzaine de religieuses, des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, puis, à partir de 1861, par des hospitalières de l’Ordre de la Sagesse. En 1889, l’établissement fut laïcisé. Les ressources financières se composaient à l’époque d’un prélèvement de 1% sur le montant des travaux publics exécutés dans le département de la Seine, de subventions annuelles privées et des prix de journées payés par les convalescentes.
Soumises à un règlement assez strict, recevant une alimentation qui « sans être recherchée, est abondante et aussi variée que possible », les ouvrières convalescentes (couturières, blanchisseuses, lingères, piqueuses de bottines, fleuristes …) et les mères relevant de couches (alors assimilées à des malades) y trouvaient un refuge salutaire où, « sous l’influence d’un air pur et d’une vie confortable, elles ne tardaient pas à recouvrer leurs forces ».
La grande Histoire
Occupé par les Prussiens en 1870-1871, l’établissement fut utilisé comme hôpital militaire durant la Première Guerre mondiale. Il accueillit l’Hôpital Temporaire n°64 où l’on soignait principalement les blessures aux poumons et la tuberculose. Le capitaine de Gaulle vint y visiter son frère blessé, en décembre 1918.
Rendu à ses missions civiles d’accueil des convalescentes en 1919, l’établissement fut à nouveau militarisé en 1939 par les Français, puis occupé par les Allemands jusqu’en 1944 et par les Américains en 1944 -1945. Le maréchal allemand Erwin Rommel, blessé en Normandie en juillet 1944, y fit un court séjour avant d’être évacué vers l’Allemagne.
En 1949, le terme d’Asile a fait place au sigle, jugé moins péjoratif, d’ENCV (Établissement National de Convalescentes du Vésinet). Devenu départemental en 1981, il a pris quelque temps le nom de Centre médical puis aujourd’hui d’Hôpital du Vésinet (72 avenue de la Princesse).
Si son aspect n’a guère changé depuis l’origine, l’hôpital a connu depuis 1974 d’importantes transformations internes. Il accueille plus d’un millier de patients chaque année pour des séjours de plusieurs semaines à plusieurs mois. A sa vocation première de lieu de repos, s’ajoutent la convalescence pré et post-natale, la convalescence médicale, les longs séjours, les soins palliatifs, la rééducation fonctionnelle qui fait appel à la balnéothérapie, à l’électrothérapie, au laser. L’Hôpital emploie désormais 30 médecins, 250 soignants ou aides-soignants, 150 agents techniques.
Une partie du parc, qui accueillit dans les années soixante divers organismes publics relevant des ministères de la Santé et de la Recherche, est en cours de transformation en vue d’y édifier, sous le vocable de Parc Princesse, un peu plus de 400 logements et quelques équipements collectifs.
Les bâtiments et une partie du parc sont inscrits à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté préfectoral du 5 décembre 1997.
Novembre 2018