L’univers silencieux des lacs et rivières du Vésinet
Cette balade au fil de l’eau a pour but de nous éclairer sur l’évolution et le maintien d’un écosystème aquatique qui s’est installé autour des plans d’eau.
Les plans d’eau
La ville-parc est parcourue par quatre kilomètres de petites rivières jalonnées de cinq lacs créant ainsi des espaces naturels favorables au biotope. Ces plans d’eau artificiels (creusés et mis en eau entre 1858 et 1866) compléments indissociables de la composition paysagère imaginée par le comte de Choulot occupent une emprise de dix hectares environ.
Les lacs
Au nombre de cinq, leur profondeur varie de 0,60 m à 2,70m. Ils sont tous Sites Classés au titre des « monuments naturels et des sites de caractère pittoresque ».
Le Lac Supérieur tient son nom de sa situation au point le plus élevé (45,6 m) du réseau. Mis en eau le 25 novembre 1860, il est avec 2,70m, le plus profond. Seul lac du Vésinet à ne pas comporter d’île, il couvre près d’un hectare.
Le Lac de Croissy, creusé en 1859 et mis en eau en 1860, il est le plus petit du réseau avec un plan d’eau de 7 440 m².
Le Lac de la Station est le plus ancien de nos cinq lacs. Il fut mis en eau en octobre 1858. Il était alors approvisionné par un réseau dont il ne reste que des vestiges. Peu accessible depuis le domaine public et présentant un contour tourmenté, il couvre plus d’un hectare (11 570 m²).
Le Lac Inférieur, au point le plus bas du réseau (28 m), il fut mis en eau en 1858. Il couvre plus d’un hectare et entoure une île de 4000m² dite Île du Rêve.
Le Grand Lac, ou Lac des Ibis fut le dernier mis en eau. Creusé en 1864, inauguré en juin 1866, il est le plus étendu avec un plan d’eau de 2 hectares et demi entourant une île de près de 3 hectares.
Les « petites rivières »
Dessinées par le Comte de Choulot pour créer le décor pittoresque de la ville-parc du Vésinet, elles sont la partie visible d’un réseau hydraulique de 13 km, alimenté à l’origine par l’eau de la Seine. Commandé par la Compagnie Pallu, conçu par l’ingénieur hydraulicien Xavier Dufrayer (1811-1879) à qui l’on doit la nouvelle machine de Marly mise en service en 1858, le réseau complet du Vésinet comporte aussi 7 km de canalisations souterraines permettant la « recirculation ».
Le réseau « nord » ouvert entre 1865 et 1866, relie le Lac Supérieur au Grand-Lac (Lac des Ibis) par 800 mètres de rivières pour 10 mètres de dénivellation, franchis grâce à des retenues aménagées en « cascatelles » par le rocailleur alpicois Mathias Chabot (1826-1881).
Le réseau « sud » comporte deux tronçons reliant d’une part le Lac de la Station au Lac Inférieur (1200 m), d’autre part le Lac de Croissy au premier tronçon (1300 m) pour 5 mètres de dénivelé, franchis également grâce aux retenues de Mathias Chabot. L’évacuation vers la Seine se fait en aval du Lac Inférieur. La mise en service eut lieu progressivement entre 1858 et 1866.
De profondeur variable (de 0,40 à 1,70m), ces cours d’eau abritent une faune aquatique abondante et diversifiée, d’origines multiples. Certaines espèces ont été introduites à différentes époques pour l’agrément des promeneurs, la pratique de la pêche, la reconstitution des écosystèmes. D’autres ont colonisé spontanément ou artificiellement l’eau, les rives, l’air … et les jardins avoisinants.
Pour faciliter la désignation des différents biefs du réseau des petites rivières, nous leur donnons le nom des promenades qui les longent, du nom des villes jumelées avec Le Vésinet : « Promenades d’Unterhaching, de Villanueva-de-la-Cañada, d’Oakwood, d’Outremont, de Worcester ou encore de Hunter’s Hill ».
L’eau
Un peu d’Histoire. Lors de la création du Vésinet, dans l’acte d’échange entre la Compagnie Pallu et la Maison de l’Empereur, il était prévu le prélèvement dans la Seine « de deux cents mètres cubes d’eau (deux mille hectolitres), par vingt-quatre heures, gratuitement pendant les trois premières années et ensuite au prix ordinaire des concessions de cette nature. »
L’eau de Seine empruntait une galerie maçonnée pour arriver dans le sous-sol du bâtiment d’où la refoulaient sur le réseau des pompes entraînées par des machines à vapeur. Il n’y avait pas de traitement. On avait en somme créé un petit bras mort sur la rive droite de la Seine dont le débit, insignifiant, n’affectait pas le cours du fleuve. C’est donc l’eau de Seine qui a « ensemencé » originellement le réseau aquatique du Vésinet.
Le bâtiment qui abritait deux puissantes pompes à vapeur existe encore aujourd’hui, près de la Seine, à l’extrémité de l’avenue des Machines à Croissy, dans le prolongement de l’avenue de la Prise d’Eau au Vésinet.
Dès les années 1880, les progrès de la Microbiologie firent apparaître l’eau de Seine insuffisamment propre et la Compagnie des Eaux et Terrains du Vésinet lui substitua progressivement de l’eau puisée dans la nappe phréatique dite Nappe de Croissy.
Plus tard, différents traitements supplémentaires s’avéreront nécessaires pour la consommation humaine mais pas pour l’approvisionnement du réseau aquatique du Vésinet qui nécessite l’écoulement annuel de 460 000 m3 d’eau. Pour permettre de maintenir un débit suffisant sans consommer trop d’eau, un circuit de recirculation a été mis en place entre le Lac des Ibis et le Lac Supérieur.
L’eau brute pompée est refoulée jusqu’au Lac Supérieur, au point le plus haut de la commune. Ce lac réservoir alimente les autres lacs de manière gravitaire c’est à dire en suivant la pente naturelle jusqu’au Lac Inférieur, point le plus bas. Des retenues, paysagées sous forme de rocailles, régulent l’écoulement tout en renforçant le caractère pittoresque du réseau.
Un puisage complémentaire dans la nappe phréatique a été établi en 2011, à proximité du Lac de la Station pour une meilleure régulation du débit. Le relevage de ce réseau est raccordé au grand lac des Ibis. Des jets d’eau ont été mis en service en 2017 au lac des Ibis et au lac Supérieur, ainsi qu’une turbine au Lac de la Station pour augmenter l’oxygénation de l’eau, en particulier lors de fortes chaleurs.
L’entretien des cours d’eau
A certaines périodes de l’année, les plans d’eau du Vésinet peuvent être menacés par un phénomène d’eutrophisation dû à la surabondance des nutriments azotés, (feuilles mortes en décomposition, déjections), auquel s’ajoute l’élévation de température de l’eau qui abaisse son oxygénation.
Ce réseau aquatique reste un milieu artificiel et même si un certain équilibre écologique s’est instauré au fil des ans, il est fragile et un entretien régulier des cours d’eau, respectueux de l’écosystème local, demeure indispensable.
Exemple d’eutrophisation passagère et ponctuelle sur une surface de la rivière de Villanueva, la formation d’un voile d’algues et de bactéries crée des bulles gazeuses sur une eau stagnante. Le bloom peut être favorisé par une forte chaleur et affecter massivement des zones de plans d’eau où le courant est faible.
La Faune aquatique
Les différentes espèces végétales et animales qui composent le milieu aquatique sont interdépendantes. Leur régime alimentaire doit rester équilibré afin de garantir leur épanouissement.
Les plans d’eau du Vésinet regorgent d’une faune aquatique pas toujours très visible à l’œil nu: planctons, mollusques, amphibiens, poissons. Il peut arriver de rencontrer des tortues, mais il est plus fréquent de croiser les prédateurs subaquatiques (oiseaux piscivores, palmipèdes et échassiers).
L’Écosystème en eau douce
Selon la définition donnée par le CNRS, un écosystème correspond à « l’ensemble vivant formé par un groupement de différentes espèces en interrelations (nutrition, reproduction, prédation…), entre elles et avec leur environnement (minéraux, air, eau), sur un espace donné ».
Les décomposeurs (micro-organismes) dégradent les matières organiques. Les producteurs correspondent au phytoplancton et aux végétaux aquatiques. Puis suivent le groupe des consommateurs primaires (zooplancton), secondaires (poissons planctophages) et tertiaires (poissons et oiseaux prédateurs).
Les planctons
Les planctons (micro-organismes invisibles à l’œil nu) favorisent l’oxygénation des eaux. Ils appartiennent au premier maillon de la chaîne alimentaire à laquelle se raccrochent les poissons et les espèces de la faune subaquatique (palmipèdes, hérons….). Ils sont scindés en deux groupes : les phytoplanctons et les zooplanctons.
Les phytoplanctons (groupe des producteurs) sont des plantes qui se développent par photosynthèse (énergie lumineuse captée par la chlorophylle) et fabriquent de la matière vivante. Ces plantes microscopiques de forme géométrique (cyanobactéries ou algues bleues, algues vertes, diatomées…) produisent des lipides, glucides et protides.
Les diatomées sont les micro-algues multicellulaires les plus répandues (environ 80% du phytoplancton des milieux aquatiques).
Les zooplanctons (groupe des consommateurs primaires) regroupent des espèces animales microscopiques (cyclopes, daphnies, rotifères, protozoaires…). Ils sont herbivores ou carnivores. Prédateurs du phytoplancton, ils régulent son développement. Leurs prédateurs aquatiques et semi-aquatiques sont les larves, alevins… Préférant l’obscurité, ils rythment leur cycle alimentaire suivant le lever et le coucher du soleil. Leur reproduction est assurée quelles que soient les perturbations subies par leurs œufs (exemple : assèchement d’une rivière lors d’un curage).
Les invertébrés et les mollusques
Ils constituent le maillon suivant de la chaîne alimentaire. Leur taille varie de quelques millimètres à quelques centimètres. Leur corps mou peut être protégé ou pas par une coquille : leur squelette. Ils se nourrissent de phytoplanctons, de bactéries se développant dans l’eau, ou encore de matières organiques en décomposition.
Leurs prédateurs : les poissons (truites, vairons, carpes…), les oiseaux aquatiques (poules d’eau, foulques, hérons, mouettes, oies, canards…), certains amphibiens, les mammifères aquatiques et rongeurs (rats d’eau, ragondins…).
Parmi les espèces de mollusques les plus communes des plans d’eau du Vésinet, nous trouvons : les sangsues, les gammares, les escargots, l’anodonte…
Les sangsues (population en régression). Elles se nourrissent du sang d’un vertébré ou de l’hémolymphe d’un invertébré. La proie sur laquelle elles se fixent peut être un poisson, une tortue, un oiseau aquatique, un escargot…
Suivant les espèces, le corps élastique de la sangsue se termine par une ou deux ventouses. Sa couleur (brunâtre) s’adapte le plus souvent à celle de son environnement. La sangsue respire par la peau et supporte des eaux très polluées.
Les gammares et aselles. Ces minuscules crustacés d’eau douce se développent et s’alimentent de débris végétaux ou animaux, de micro-organismes, de larves d’invertébrés fixées aux plantes aquatiques ou aux algues. Les gammares et les aselles sont appréciés des carnivores aquatiques.
Les escargots. Ces gastéropodes (mollusques à coquilles) sont répartis en plusieurs espèces. Les plus communes en eau douce étant les limnées et les planorbes. Ces espèces puisent leur réserve d’air en surface par leur poumon. Phytophages, ils consomment des algues, des plantes, des déchets organiques, les micro-organismes qui forment des biofilms en surface des plans d’eau.
Les anodontes. Ces bivalves ou moules d’eau douce vivent en eau calme, enfoncés dans le substrat du cours d’eau. Leur coquille en deux parties se ferme hermétiquement et s’ouvre pour sortir un tube (siphon) de respiration et se nourrir de micro-organismes. Leurs larves se fixent entre les écailles des poissons qu’elles abandonneront lors de leur éclosion pour commencer une longue existence. Les anodontes sont un met apprécié des carpes.
Les insectes
Les Libellules
Les libellules ou odonates sont un ordre d’insectes à corps allongé, dotés de deux paires d’ailes membraneuses généralement transparentes, et dont les yeux composés et généralement volumineux leur permettent de chasser efficacement leurs proies. Ils sont aquatiques à l’état larvaire et terrestres à l’état adulte. Ce sont des prédateurs, que l’on peut rencontrer occasionnellement dans tout type de milieu naturel, mais qui se retrouvent plus fréquemment aux abords des zones d’eau douce à saumâtre, stagnante à courante, dont ils ont besoin pour se reproduire.
La larve, comme l’imago, est un puissant prédateur : elle chasse à l’affût le plancton (infusoires), des invertébrés (larves d’insectes ou insectes adultes) et même de petits poissons, grâce à un organe de préhension articulé appelé « masque » (appelé ainsi car ce labium replié cache les pièces buccales) ou, par le naturaliste Réaumur, « bras mentonnier ».
Chez les adultes, la chasse de petits insectes est pratiquée soit à l’affût depuis un perchoir préférentiel, soit en vol.
Les larves appelées naïades, vivant dans l’eau (mode de respiration branchiale) durant la plus grande partie de la vie de l’insecte, on peut l’inclure dans la faune aquatique. Les naïades grandissent en effectuant de 9 à 16 mues suivant les espèces. La durée de développement s’échelonne entre deux mois et cinq ans selon les espèces.
On peut observer de nombreuses espèces de libellules (Libellula, Sympetrum, Orthetrum, Anax, …) au voisinage de notre réseau aquatique. Elles sont revenues en nombre avec l’abandon de l’emploi de produits phytosanitaires. Ce sont néanmoins des espèces menacées.
Les Gerris ou « araignées d’eau »
Plus connus sous le nom impropre d’araignées d’eau, les gerris appartiennent à la famille des insectes suceurs (hémiptères) et au sous-ordre des punaises.
Ils vivent en petits groupes, à proximité des berges et communiquent par l’onde de surface que créent leurs déplacements multidirectionnels et saccadés sur l’eau. Moyen original d’échapper à un prédateur, d’informer leurs congénères de leur présence, mais aussi de localiser une proie vivante ou morte : insectes (moustiques) et autres invertébrés, larves, évoluant en surface ou hors de l’eau.
Leur corps ailé s’appuie sur deux paires de pattes (postérieures et intermédiaires), formant un X stabilisateur. Les extrémités des pattes ainsi que la sous face ventrale sont revêtues de poils hydrofuges qui favorisent la flottabilité et le glissement à la surface de l’eau.
Carnassiers, les gerris saisissent et maintiennent leur proie (vivante ou morte) avec leur troisième paire de pattes : les antérieures, beaucoup plus courtes. De leur rostre, ils percent l’enveloppe de la victime, injectent un suc gastrique liquéfiant, puis aspirent leur préparation.
La durée de vie des gerris est de quatre mois. Ils se reproduisent deux fois dans l’année: au printemps de mai à juillet, en été d’août à septembre. Cette génération hibernera sur la berge à l’abri de feuillages ou de pierres et se reproduira au prochain printemps. Les mâles ne survivent que peu de temps après l’accouplement.
Les gerris volent surtout la nuit à la rencontre de congénères, ou en quête d’une nouvelle aire nourricière.
Les femelles déposent leurs œufs (microscopiques) sur des feuilles ou des pierres. Les œufs translucides viennent d’être pondus, ceux proches de l’éclosion laissent apparaître les yeux, et enfin les enveloppes ouvertes ont libéré les larves écloses. Les larves ont l’apparence des adultes. Leurs ailes deviennent fonctionnelles au passage adulte.
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Les amphibiens (batraciens)
Le groupe des amphibiens rassemble les grenouilles et crapauds (Ordre des Anoures), les salamandres et tritons (Ordre des Urodèles). Victimes de la pollution, ces espèces en déclin sont protégées. La commune du Vésinet est attentive à préserver un environnement propice à leur reproduction. Des panneaux placés sur les sentes longeant les rivières le rappellent aux promeneurs.
Les amphibiens sont des vertébrés évoluant en milieu aquatique et terrestre. Les œufs fécondés dans l’eau donnent naissance à des larves, les têtards, qui assurent leur oxygénation au moyen de branchies. Ils se nourrissent d’algues, de diatomées, de détritus organiques au fond de l’eau.
Durant leur développement (environ trois mois) les têtards se métamorphosent progressivement pour s’adapter au milieu terrestre : croissance des pattes, d’une langue gluante, apparition des yeux. Les branchies et la queue s’atrophient, les poumons se forment…
Le jeune amphibien s’extirpe du milieu aquatique pour rejoindre le milieu terrestre. Le mode alimentaire change. Il devient carnivore (coléoptères, chenilles, vers de terre, araignées). Il consommera également la mue saisonnière de sa peau. Adulte, sa peau lisse et perméable, recouverte d’un mucus hydratant, lui assure une respiration par échanges gazeux en milieu aquatique prolongé (hibernation).
La grenouille rousse. Elle revêt plusieurs teintes de couleur de peau avec une dominante de rouge-brun dont la nuance peut changer avec son environnement immédiat. La femelle est plus volumineuse que le mâle qui se reconnaît à sa couleur grisâtre et sa gorge blanche ou bleutée. Elle se nourrit d’insectes, crustacés, araignées, mollusques… au moyen de sa langue gluante, très rapide à saisir une proie.
Au sortir de l’hiver (janvier-février, suivant la température) les femelles pondent de 700 à 4500 œufs en essaim, que les mâles recouvrent de leur semence. Les premiers têtards n’apparaîtront qu’au bout de deux à trois semaines.
La grenouille agile. La couleur de peau de la femelle se rapproche du brun roussâtre ou grisâtre. Deux lignes marquent les flancs. Celle du mâle est noire avec des stries latérales. La face inférieure est claire (blanc nacré à jaunâtre ou rosâtre).
La grenouille se nourrit d’’insectes (papillons, coléoptères, orthoptères, fourmis…). Son hibernation terrestre dure 4 mois et commence en novembre. En période de reproduction (pendant quinze jours) les mâles tapis sur le lit de la rivière invitent de leurs coassements les femelles à pondre. Les œufs forment un agglomérat sur les tiges des plantes aquatiques. Ses longues pattes musclées lui permettent de sauter très haut (jusqu’à 2m), mais elle nage moins facilement.
La grenouille verte d’Europe. Espèce des plus communes en Europe (en France, on mange les cuisses de cette grenouille). En fait, il ne s’agit pas d’une véritable espèce, mais d’un hybride, croisement entre la grenouille rieuse et la grenouille de Lessona. La ligne verte qui suit la colonne vertébrale des trois espèces est bien reconnaissable. La grenouille verte mesure entre 9 et 12 cm, pour la femelle (le mâle est un peu plus petit) ; elle a le museau arrondi, et le corps peut être de plusieurs couleurs, entre le brun et le vert, avec des motifs (points ou taches) bruns ou noirs.
Le Crapaud commun. Il s’identifie à sa peau de couleur presque unie (marron, gris, rousse…) couverte de pustules venimeuses. Adulte, ses prédateurs naturels sont la couleuvre à collier, le héron cendré, le hérisson, la loutre, le putois…
C’est un animal terrestre nocturne qui vit caché le jour. Il se nourrit d’insectes, de limaces, vers de terre, chenilles, cloportes, mille-pattes, petits coléoptères, scolopendres, mouches …
Au sortir de l’hiver (février à mars), les crapauds rejoignent les plans d’eau pour la reproduction. Les œufs (5000 à 7000) pondus en chapelets forment de longs cordons accrochés aux plantes aquatiques.
Le crapaud Alyte accoucheur. Le crapaud Alyte, de petite taille (inférieure à 5 cm) est de couleur grise, ou vert-olive, ou encore brun…
La reproduction s’effectue en milieu terrestre durant tout le printemps. Pendant l’accouplement, le mâle recouvre les œufs de semence (fécondation) et d’urine (humidification). Il les garde sur son dos, en lieu sûr et humide, de 5 à 8 semaines. L’éclosion étant imminente, l’Alyte accoucheur achemine sa descendance vers le plan d’eau habituel. Les têtards vont se métamorphoser dans leur milieu pendant 2 à 5 mois s’ils sont déposés avant l’hiver, et 9 à 15 mois après la période hivernale.
Le régime alimentaire de l’Alyte (qui ne chasse que la nuit) est similaire à celui du crapaud commun et essentiellement insectivore. Sa durée de vie est comprise entre cinq et vingt ans.
Le Triton ponctué ou triton commun. Le triton (famille des Salamandridae) a la peau lisse, un corps allongé, une longue queue et de courtes pattes. Le mâle a de petites taches visibles sur la gorge et le ventre de couleur jaune-orange. La femelle uniformément brune n’a pas de tache sur le corps.
Le triton ponctué se nourrit de zooplancton, de crustacés, daphnies et têtards de grenouilles. Il séjourne en milieu aquatique uniquement durant la période de reproduction de février à juillet. Ses prédateurs sont nombreux dès l’éclosion : les insectes (dytiques, larves de libellules), les poissons (truites, perches, épinoches). Adulte, il se protège des oiseaux (rapaces) et des animaux (renards, blaireaux…)
Le mâle dépose sa semence sur le lit de la rivière. La femelle y féconde ses œufs (100 à 300). Ils éclosent après 2 à 3 semaines. La métamorphose dure 6 à 9 semaines.
Les poissons
Les poissons sont des bio-indicateurs de la qualité de l’eau. La pollution planétaire de leurs milieux naturels est la cause de leur déclin. Maillon essentiel de la chaîne alimentaire, ils accumulent dans leur organisme des quantités importantes de polluants que leurs proies ont consommé …
Dès 1863, les lacs et rivières du Vésinet furent empoissonnés avec des saumons, des carpes et des truites. Aujourd’hui, si l’on ne trouve plus de saumons, l’empoissonnement régulier pour la pêche de loisir avec le concours des associations agréées contribue au maintien de l’écosystème (échassiers, migrateurs, palmipèdes, etc…). A titre d’exemple, en novembre 2010, après que le Lac de la station ait été vidé et mis à sec pour réparations (2007) il a été « réempoissonné » par 500 kg de gardons, 300 kg de tanches, 30 kg de goujons, 150 kg de carpes et 50 kg d’esturgeons. Chacune de ces espèces évolue à des profondeurs différentes et a un rôle spécifique.
Ainsi, nos lacs et rivières, trame bleue du Vésinet, sont approvisionnés par les élevages piscicoles en poissons «nettoyeurs » (gardons, tanches, goujons, carpes, esturgeons, truites…) et poissons «carnassiers » (brochets, perches…). On trouve également des poissons-rouges, des sandres … et quelques tortues…
Les poissons « nettoyeurs »
Le gardon (Cyprinidae). C’est un poisson grégaire, de petite taille (10 à 30 cm, voire 50 cm). Ses écailles sont protégées par un mucus. Prolifique, il vit plutôt en profondeur caché parmi les plantes. Le frai se déroule entre les mois d’avril et juin suivant la température de l’eau et son taux d’acidité. Les œufs, déposés sur les plantes ou le substrat et fécondés par les mâles, éclosent sur une période de quatre à dix jours. Au cours de leur croissance, les alevins consomment du zooplancton, des mollusques et larves d’insectes.
Le gardon est un bio-accumulateur (polluants, pesticides…) dont la consommation contamine ses prédateurs : le brochet, le cormoran, le héron…
La Tanche (Cyprinidae). C’est un poisson de taille moyenne (70 cm). Les écailles, dont la couleur passe du vert sombre au jaune doré, sont protégées par un mucus. La tanche se nourrit de débris de végétaux, de vers, de mollusques et larves d’insectes. Sa période de reproduction s’étend de mai à juillet (ponte de 300 000 à 800 000 œufs…). La tanche possède des barbillons (antennes tactiles) au pourtour de sa bouche, d’où le qualificatif de poisson fouilleur.
Le Goujon (Cyprinidae). Ce poisson grégaire, de petite taille (15 cm), possède des barbillons (antennes tactiles) qui lui permettent de fouiller le substrat et reconnaître la nature des nutriments à consommer (mollusques, larves d’insectes, vers, zooplanctons, crustacés (gammares, aselles) et débris végétaux. La période de ponte s’étale de mai à juin et se limite à 2000 œufs.
La Carpe commune (Cyprinidae). La carpe est génétiquement proche du poisson rouge auquel elle peut s’hybrider. Elle est de grande taille (>50 cm), ses écailles sont grises, sa bouche est équipée de barbillons. Poisson rustique, omnivore, ce fouilleur se nourrit de débris végétaux, de mollusques (moules, larves d’insectes, vers, crustacés, anodontes) et aussi d’œufs de poissons. La période de reproduction s’étale de mai à juillet (des centaines de milliers d’œufs) dans une flore aquatique fournie.
La carpe absorbe la vase par la bouche puis l’évacue par les ouïes après avoir filtré les particules alimentaires au moyen de ses branchies. La Carpe supporte bien les eaux eutrophes et troubles. Ce « bio-accumulateur » tolère la pollution.
Le Poisson rouge ou Cyprin doré (Cyprinidae). Issu de l’élevage, le Cyprin doré, poisson commun dans les nombreux bassins d’agrément de nos jardins vit dans les aquariums les plus rudimentaires. Le poisson rouge est l’animal domestique le plus vendu en France et dans le monde entier! La reproduction se réalise par une température de l’eau entre 14 et 16°C. Les œufs sont fécondés dès la ponte par le mâle. Ils éclosent entre trois et six jours. Les alevins se nourrissent de phytoplanctons, bactéries, débris végétaux. Des spécimens de ce poisson dérivé de la Carpe se rencontrent sporadiquement dans nos lacs et rivières. Il peut vivre une trentaine d’années en l’absence de prédateurs. Il est souvent sujet à décoloration.
L’Esturgeon (Acipenseridae). Ce poisson sans écailles, au museau allongé muni de barbillons sensitifs, est très adapté à la nature des fonds de nos plans d’eau riches en débris végétaux et vers, zooplancton, larves d’insectes, crustacés… dont il se nourrit. A l’état sauvage, l’esturgeon s’installe dans l’estuaire des fleuves, puis sur le littoral marin. Il remontera en eau douce pour le frai (mai à juillet). Il peut vivre 80 ans. L’empoissonnement de nos plans d’eau par des alevins est destiné à la pêche de loisir.
La Truite fario (Salmonidés). Sa couleur varie suivant son habitat. Ce poisson craintif se nourrit d’insectes et d’invertébrés mais aussi de petits poissons (goujons, vairons…). La reproduction se déroule de novembre à janvier. Les œufs éclosent sur une période de 40 à 80 jours suivant la température de l’eau (entre 5°C et 12°C). La truite peut manger les œufs et les alevins, ce qui limite sa reproduction.
La truite est très sensible à la pollution de l’eau et des contaminations qu’elle entraîne (parasites, bactéries, virus) pouvant mener à des malformations génétiques. Elle est utilisée en laboratoire à cette fin. Elle n’est présente dans notre réseau aquatique que par suite d’opérations d’empoissonnement mais ne s’y reproduit pas.
La Perche commune (Percidae). Ce poisson rustique et grégaire vit caché. Sa croissance est ralentie dans une eau froide (inférieure à 14°C) et selon l’abondance de nourriture, d’où des différences de taille (maximum 50 cm) suivant son aire d’évolution. Le frai se déroule au début du printemps dans un endroit où la végétation est abondante. Les alevins et les jeunes perches se nourrissent de zooplancton, de larves, de vers, d’insectes…. Adulte, la perche chasse les petits poissons (gardons, goujons…).
Le Sandre (Percidae). Le sandre a un corps allongé revêtu de petites écailles rêches au toucher. Ses mâchoires recèlent quatre canines. La reproduction s’opère d’avril à juin dans une eau de 12°à 14°C. Le mâle prépare un nid sur le lit de la rivière (graviers, sable…) où la femelle dépose ses œufs et le mâle sa semence dans le même temps. Il les protège jusqu’à éclosion (une quinzaine de jours). Les alevins se nourrissent de phytoplancton, puis de zooplancton, daphnies, vers, larves aquatiques, gammares.
L’acuité visuelle exceptionnelle de ce prédateur lui permet de distinguer ses proies en eaux troubles (goujons, gardons).
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Le poisson chat (Siluriformes). Ce poisson fouilleur de couleur sombre, sans écailles, mesurant en moyenne 15 à 20 cm, est largement répandu. Il vit en groupes denses. La reproduction se déroule au printemps dans une eau à 18°C. Les œufs sont déposés sur un nid ensemencé et protégé par le mâle. Après éclosion, les alevins restent plusieurs semaines groupés. L’espèce est considérée comme invasive bien que touchée par la pollution.
Omnivores et voraces, ces nettoyeurs fouillent le substrat en s’aidant de leurs barbillons tactiles pour identifier leur nourriture.
Les poissons «carnassiers »
Le Brochet (Esocidae). Ce poisson de taille variable (30 cm à 1,00 m) est protégé. Son corps aux parties latérales vert et jaune, au ventre blanc, est allongé. La tête en forme de pointe compte environ 700 dents… Les alevins (30 mm) se nourrissent de zooplanctons. Adulte, chasseur habile en camouflage et très vif à saisir sa proie, le brochet consomme les poissons de son environnement (voire ses congénères plus petits), des amphibiens, des rongeurs, ou des canetons…
Le frai se déroule de février à avril dans une végétation abondante et suivant la température de l’eau. Une très forte proportion d’œufs sera détruite ou mangée. Sédentaire, le brochet est un bio-indicateur de pollution.
Les reptiles
Si à une certaine époque les rivières du Vésinet ont pu héberger quelques couleuvres, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cependant il peut arriver de façon sporadique d’apercevoir, sur les berges ou dans l’eau, quelques tortues aquatiques échappées d’un aquarium ou d’un bassin (avec parfois la complicité de son propriétaire jugeant l’animal devenu encombrant). Une demi-douzaine de spécimens peuvent être observés occasionnellement sur l’ensemble de nos plans d’eau.
La tortue aquatique. La tortue est un reptile ovipare, vertébré, protégé par une carapace dénommée dossière pour la partie supérieure et plastron pour la partie ventrale qui est concave chez le mâle. Comme les oiseaux, elle possède un bec : ses mâchoires sont dépourvues de dents mais revêtues de corne tranchante. Les pattes et la tête sont revêtues d’écailles. Son squelette se termine par une petite queue, un peu plus longue chez le mâle.
La tortue aquatique est omnivore, elle consomme indifféremment poissons, insectes, ou plantes aquatiques. Sa taille augmente durant toute sa vie qui peut durer cinquante ans (30 ans à l’état sauvage).
La Tortue de Floride a été importée massivement des États-Unis dans les années 1970. Elle est reconnaissable à la couleur jaune de son plastron ainsi qu’aux lignes jaunes qui soulignent les contours de sa tête. Elle est considérée comme invasive. Les conditions climatiques de nos lacs et rivières ne sont pas compatibles, pour l’instant, avec sa reproduction mais elle peut y survivre durant de longues années.
La tortue de Floride est un terme générique utilisé pour désigner l’espèce Trachemys scripta qui se répartit en trois sous-espèces. Celles-ci se distinguent de prime abord par la coloration et la forme des bandes situées sur les tempes de l’animal. Trachemys scripta scripta présente deux bandes jaunes qui se rejoignent (cas des deux sujets photographiés ci-dessus), Trachemys scripta troostii deux bandes jaunes parallèles qui ne se rejoignent pas, alors que les tempes de Trachemys scripta elegans sont ornées de bandes rouges. Cette dernière sous-espèce est également présente au Vésinet où les variétés T. scripta scripta et T. scripta elegans cohabitent. La présence de très jeunes sujets (5 ans environ) montre que l’on continue à « approvisionner » nos cours d’eau en tortues !
La Tortue de Floride a une longévité évaluée à environ 30 ans. Lorsque la T. scripta elegans est juvénile, sa nourriture se compose de 90% de poisson et 10% de végétaux.
Cette tortue n’est plus en vente libre en France car elle est considérée comme envahissante. Il faut donc être titulaire du certificat de capacité et d’une autorisation d’ouverture d’établissement pour la posséder.
On peut aussi apercevoir dans nos lacs et rivières des espèces plus rares et plus exotiques encore. Ainsi, cette tortue chinoise à col rayé aperçue pour la première fois dans le Lac des Ibis et photographiée par Franck Zumella au mois de mai 2021. La tortue à cou rayé (Ocadia sinensis), nommée aussi Emyde de Chine ou Ocadie de Chine, est originaire d’extrême orient (Chine, Vietnam, Laos, Taïwan). Capturée en juillet par de jeunes pêcheurs de l’Epuisette du Vésinet, elle a été remise à l’eau !
Tortue Chinoise à cou rayé (cliché F. Zumella, mai 2021)
La tortue chinoise à cou rayé – dont l’acquisition en France ne nécessite pas d’être titulaire d’un certificat de capacité – est pourtant considérée comme une espèce en danger d’extinction. Elle est très appréciée pour sa chair savoureuse par les Asiatiques et n’est pas considérée comme invasive.
Les mammifères aquatiques
Le ragondin
Mammifères de la Famille des Myocastoridae qui ne compte qu’un seul Genre, celui des Myocastors, ce gros rongeur, originaire d’Amérique du Sud, a été introduit en Asie, en Afrique orientale, en Amérique du Nord et en Europe au XIXe siècle pour l’exploitation de sa fourrure bon marché. Tous les individus présents dans ces régions proviendraient d’évasions ou de lâchés volontaires.
Aperçus épisodiquement au Vésinet depuis 2008, les myocastors ont affirmé leur présence en 2015 et depuis lors, ils ne nous ont plus quittés. La population augmente régulièrement. On comptait une douzaine de sujets en 2016, plus d’une vingtaine l’année suivante. Elle dépassera probablement les quarante en 2018.
Le ragondin, par son mode de vie et sa qualité d’espèce invasive, influence et transforme considérablement son habitat, et est classé parmi les nuisibles dans plusieurs pays européens, dont la France où il est inscrit officiellement sur la liste des animaux « susceptibles d’être classés nuisibles ». C’est au préfet de prendre les arrêtés adaptés aux situations locales dès que la présence des ragondins est signalée.
Végétarien, ce rongeur principalement herbivore cause cependant des dégâts aux arbres et aux racines qui longent les berges des lacs.
Le ragondin creuse de longues galeries nuisibles à la stabilité des berges. Il est très prolifique : la femelle a deux à trois portées annuelles de cinq à sept petits ; ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes pour l’équilibre de l’écosystème local d’autant qu’il n’a pas de prédateur naturel. Cependant, les hivers rigoureux permettent une certaine régulation de sa population.
Elle est donc bien présente cette faune aquatique !
La trame bleue que composent les contours des lacs et des rivières qui parcourent la ville-parc représente un élément majeur de biodiversité (reconnu comme tel par le Schéma de Cohérence Territoriale adopté en 2015). La variété abondante de la faune subaquatique, sédentaire ou migratrice, qui peuple cet espace semi-urbain en est le reflet.
Les plans d’eau, parsemés d’îlots, répondent à ses besoins d’alimentation et d’habitat. L’équilibre de cet écosystème est naturellement fragile et justifie une maintenance régulière et adaptée des lacs et rivières.
Cependant, le promeneur aime à flâner le long des berges et oublie parfois en lançant généreusement des poignées de pain aux animaux — alors que ces derniers sont sauvages et ont leur propre régime alimentaire issu de la faune aquatique– qu’il altère ainsi la qualité des eaux comme la santé des mêmes animaux.
Le bien-être de l’homme passe par celui de la faune et de la flore : c’est un gage de survie et d’équilibre des espèces.