Manifeste pour la préservation de la qualité des paysages urbains de la couronne parisienne
L’accélération du bétonnage de la couronne parisienne induit des effets très négatifs sur le cadre de vie global des habitants et occasionne une perte importante de patrimoine naturel et bâti jamais égalée. La banalisation des paysages urbains franciliens trouve ses origines dans la sur-densification, qui par ailleurs, ne l’oublions pas, augmente la chaleur urbaine (phénomène des îlots de chaleur) et participe ainsi au réchauffement climatique.
Il n’est pas inutile de rappeler que la région parisienne est déjà le territoire le plus dense d’Europe. Rien que Paris et les trois départements de la petite Couronne (Hauts de Seine, Seine Saint-Denis et Val de Marne) d’une surface de 762 km² pour 6,7 millions d’habitants représentent une densité d’environ 9 000 habitants au km². La grande couronne n’est pas en reste avec une bétonisation en marche accélérée dans de nombreuses communes.
La nappe urbaine de Londres (qui n’est déjà pas un modèle), deux fois plus étendue avec 1600 km² n’atteint que 5 500 habitants au km². Il n’est donc pas nécessaire de sur-densifier pour être une métropole attractive. Parallèlement, le grand Paris siphonne les richesses des villes et territoires alentour.
La Convention européenne du paysage adoptée le 20 octobre 2000, à Florence par 29 États membres (ratifiée par la France le 1er juillet 2006) est un traité du Conseil de l’Europe issu d’une initiative du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe (CPLRE), visant à mieux prendre en compte et protéger les paysages. Cette Convention inclut les grands paysages comme les paysages ordinaires et quotidiens. Elle concerne ainsi nos milieux urbains et permet aux politiques françaises d’intégrer la notion de paysage dans les lois relatives à la biodiversité, sites remarquables, lois Grenelle et autres dispositions, telles que les AVAP (Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine), SPR (Site Patrimonial Remarquable) ….
Devant ce constat et à travers les outils législatifs disponibles à valeur de prescription, les associations qui soutiennent ce présent Manifeste demandent la préservation de la qualité de leurs paysages urbains. Ces paysages sont constitués de continuités visuelles incluant des maisons, des bâtiments de caractère, des pavillons traditionnels et des jardins privés et publics (« trames vertes ») disposés dans les morphologies paysagères (coteaux, étangs, bois…).
Afin d’obtenir la mise en valeur de ce patrimoine à préserver, les associations attendent que les principes fondamentaux suivants soient respectés dans leurs communes :
· Connaître l’histoire et l’architecture de leurs communes,
· Entretenir, restaurer ou faire évoluer le patrimoine dans le respect de l’existant,
· Conserver le maximum de son authenticité,
· Permettre l’émergence d’une architecture contemporaine de qualité, respectueuse des spécificités locales en harmonie avec l’environnement existant, les alignements, les hauteurs des bâtis existants contigus et le respect de leurs ouvertures.
Les associations demandent que les décisions soient prises en accord avec les habitants concernés.
Le Manifeste a reçu le soutien, au niveau national, de la Fédération Patrimoine Environnement (qui regroupe plus de 400 associations), de Urgence Patrimoine (ONG), au niveau départemental (France Nature Environnement 78, Yvelines Environnement, Maisons Paysannes des Yvelines, Sauvons les Yvelines, Val de Seine Vert) et au niveau local par plus de 50 associations (au 1er juin 2019).