Les processionnaires

La chenille processionnaire du pin

Elle est la larve d’un papillon de nuit (Thaumetopoea pityocampa) de l’Ordre des Lépidoptères de la famille des Notodontidae).

Sa progression en France

Les colonies de chenilles processionnaires se contentaient de ravager les résineux du sud de la France y trouvant les conditions climatiques idéales à leur développement. Le nord était épargné. Mais le réchauffement du climat, l’expansion des plantations de résineux, les échanges commerciaux du bois et des plantes en motte, ont contribué à leur progression sur l’ensemble du territoire. L’île de France est touchée depuis 2010, Le Vésinet ainsi que les communes avoisinantes ne faisant pas exception.

Le pin noir d’Autriche est particulièrement vulnérable, mais également d’autres essences (pin maritime, cyprès, pin d’Alep, pin sylvestre, pin Laricio, pin-blanc et cèdre de l’Himalaya). Les arbres affaiblis ne meurent pas, mais ils doivent être suivis et traités pour reverdir.

la chenille
La chenille processionnaire. Le corps brun, ponctué de taches rouge-orangé, est recouvert de soies urticantes et se termine par une tête noire.

 

Nid de chenilles repéré sur un pin au Vésinet (octobre 2018). Les larves groupées en colonies sur l’arbre se nourrissent des aiguilles de pin.

Un comportement singulier

Les chenilles processionnaires se déplacent en file indienne. La «procession» est toujours guidée par une femelle à sa tête.
La chenille processionnaire est redoutée pour le caractère urticant et allergisant de ses poils volatils. Leur contact accidentel peut se révéler très handicapant pour les humains (allergie cutanée ou respiratoire) et parfois mortel pour nos animaux de compagnie. En se fixant sur l’épiderme, les yeux ou les voies respiratoires, les soies libèrent une protéine toxique la thaumétopoéine.

Colonne de chenilles au sol. La cohésion de la colonne est maintenue grâce aux organes sensoriels (tête de la chenille suiveuse en contact avec les poils de l’abdomen de celle qui précède).

Les règles de prudence à observer
Lorsque l’on constate la présence de chenilles, il faut en informer le Service Environnement de la Ville, à même de prodiguer quelques conseils et de fournir le contact d’un professionnel accrédité. Celui-ci interviendra dans le respect des règles de protection vestimentaire (port de masque, de gants, de lunettes, d’une combinaison intégrale, etc…) pour déposer les nids, collecter les chenilles (pose de pièges), nettoyer le matériel utilisé et évacuer les larves sans risque.
Nous citerons un peu plus loin quelques exemples des moyens de lutte que l’on peut mettre en œuvre. Ceux-ci sont déterminés suivant les différents stades du cycle biologique.

Le cycle biologique
Les papillons sont des insectes à métamorphose complète. Leur développement passe par quatre stades : l’œuf, d’où éclot la chenille ou larve, qui se transformera en chrysalide d’où s’extraira la forme adulte (imago) du papillon.

Papillon de nuit (Lépidoptère — famille des Notodontidae).

 

La ponte des œufs
Par un soir d’été, les mâles papillons, jeunes adultes (imago) attirés par les phéromones de leurs congénères femelles, volent à leur rencontre. Les mâles meurent un jour plus tard.
Les femelles fécondes déposent alors leurs œufs (jusqu’à 200) sur les aiguilles de pin. Elles meurent à leur tour un à deux jours plus tard. La ponte a lieu entre juin et septembre suivant les régions et les conditions climatiques.

 

Les œufs, déposés sur les aiguilles de pins, sont difficilement repérables.

 

L’éclosion. Les chenilles écloront six à sept semaines plus tard (septembre/octobre). Leur taille de 4 mm à l’éclosion sera de 40 mm à la fin du développement larvaire.

La nidification des chenilles
Les larves muent cinq fois, et trois fois avant la période hivernale. Elles se déplacent en colonie pour se nourrir du limbe des aiguilles de pins saines, abandonnant un secteur ravagé (aiguilles jaunies) pour un secteur plus sain.

Aiguilles jaunies à proximité d’un cocon (Le Vésinet, octobre 2018)

Le début de l’hiver marque la quatrième mue qui correspond au stade urticant. Les larves groupées tissent des cocons aux extrémités de branches exposées au soleil. Ces cocons isolants les protègent du froid. Elles en sortent la nuit, pour se nourrir. Un fil de soie leur assure la voie du retour au nid.

Cocon d’hiver compact. La température intérieure peut atteindre 30°C à l’intérieur.

Le stade de la nymphose
Au printemps (mars/mai), les colonies quittent les nids définitivement. Elles descendent en procession le long des troncs, puis se déplacent au sol (environ une cinquantaine de mètres) à la recherche d’un endroit ensoleillé où elles s’enfouissent d’une vingtaine de centimètres dans la terre.

La descente

 

Amas de chenilles au sol avant l’enfouissement.

 

Elles tissent un cocon individuel de nymphose.

Après deux semaines, chaque chenille tisse un cocon de nymphose dans lequel elle se transformera en chrysalide. Celle-ci va se métamorphoser pendant plusieurs mois en attendant l’été (diapause). Cependant si les conditions climatiques ne sont pas favorables, la chrysalide peut ralentir son développement durant plusieurs années (de trois à quatre ans) avant de donner naissance à un papillon.

Chaque papillon (imago) sort de sa chrysalide enfouie dans le sol et prend son envol par une nuit d’été (juin/septembre) pour la reproduction. Le cycle d’une nouvelle génération peut recommencer.

Les moyens de lutte

Un conifère infesté par la processionnaire du pin n’est pas irrémédiablement condamné à condition d’être l’objet d’une surveillance attentive complétée par la mise en place de moyens efficaces :

  • La destruction des nids d’infestation. Les cocons qui abritent les colonies de chenilles pour l’hiver sont visibles à l’automne. On coupe les rameaux supportant les cocons en les récupérant dans un sac pour être incinérés. Cette approche est limitée par la hauteur de l’arbre.
  • Précautions : Ne pas crever le cocon, vérifier le sens du vent (soies urticantes volatiles), prévoir une tenue adaptée.
Eco-piège (Chatou, mai 2019).

L’éco-piège
Au printemps les chenilles sortent des cocons et descendent le long du tronc en procession. L’éco-piège consiste en une goulotte circulaire entourant le tronc de l’arbre et reliée à un sac de récupération où s’effectue la nymphose.

Le piège à phéromone
Ce piège agit au moment de la ponte des papillons en été. Le bol contient des phéromones de synthèse qui attirent les mâles en lieu et place des papillons femelles.

Piège à phéromones. (Le Vésinet, mai 2019).

Un prédateur redoutable : la mésange

Les mésanges raffolent des chenilles qu’elles vont piocher dans les nids. L’installation de nichoirs dans les jardins est fortement recommandée. Des études sont menées par l’INRA pour s’assurer de l’efficacité d’autres prédateurs naturels comme le coucou et la huppe fasciée. La mésange peut consommer quotidiennement une quarantaine de chenilles.

Aux premières années du Vésinet, les mésanges étaient déjà connues pour leur rôle régulateur dans la prolifération des insectes.

La Ville du Vésinet a installé des nichoirs à mésanges sur des arbres ciblés, afin que celles-ci se sédentarisent et consomment les chenilles.

Le traitement biologique
Le traitement par pulvérisation de biotoxines Bt (produites par une bactérie Bacillus thuringiensis) très courant en agriculture et sylviculture est adapté aux arbres de grande hauteur. Il est effectué par des professionnels. Appliquées sur les aiguilles de pins, les toxines ingérées par les larves les intoxiquent.

Plantation répulsive
L’odeur du bouleau a un effet répulsif sur la processionnaire.

Vous êtes invités à la plus grande vigilance et à vérifier aux alentours des pins et des chênes, avec précaution, la présence des chenilles sur votre terrain. En cas de présence de ces chenilles processionnaires, vous ne devez surtout pas intervenir vous-même mais vous devez contacter une entreprise spécialisée afin de procéder à l’enlèvement de celles-ci.
Pour toute question sur les chenilles processionnaires, vous pouvez contacter le 01 30 15 47 28.

Conclusion

Les cas d’infestation par les chenilles processionnaires des conifères des parcs et jardins de la région parisienne commencent à se répandre mais les moyens de lutte sont efficaces et appliqués depuis de longues années en région méditerranée. Les traitements prescrits préservent l’équilibre de la biodiversité en excluant les approches phytosanitaires présentant des risques pour la faune et les humains. Ils coïncident avec les étapes du cycle biologique du développement larvaire mis en évidence par les études de l’INRA, d’où sont extraites nos sources documentaires.